22.10.2013 • Prix Pinocchio 2013

Contrariée en France, Total va chercher du gaz de schiste en Argentine

Déçue dans ses projets d’exploiter le gaz de schiste en France, l’entreprise pétrolière Total se tourne désormais vers d’autres horizons. L’Argentine est l’une de ses premières cibles, d’autant que le gouvernement y offre des conditions particulièrement favorables aux majors pétrolières et gazières, aux dépens des communautés locales et de l’environnement. Total s’apprête ainsi à prospecter sur le territoire d’une réserve naturelle. Autant de problèmes qui ont valu à la major pétrolière française une nomination au prix Pinocchio 2013.

Publié le 22 octobre 2013 , par Olivier Petitjean

Alors que le Conseil constitutionnel a validé le 11 octobre la loi interdisant la fracturation hydraulique, les mobilisations contre l’exploration et l’exploitation des gaz et pétrole de schiste se poursuivent. Des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes françaises le 19 octobre, à l’occasion de la journée mondiale contre la fracturation hydraulique. À défaut de pouvoir conquérir le sous-sol hexagonal, la compagnie française Total a décidé d’investir massivement dans les gaz non conventionnels en Argentine. L’entreprise pétrolière détient des participations dans onze permis, dont six pour lesquels il est opérateur. Début octobre, la compagnie a annoncé investir 400 millions de dollars pour lancer deux projets pilotes en Patagonie. En fournissant 30 % du gaz à l’Argentine en 2012, Total est le deuxième opérateur gazier du pays.

« En juillet dernier, un décret gouvernemental sur mesure pour les compagnies pétrolières a été adopté », rappelle l’association des Amis de la Terre France. En contrepartie d’un investissement minimum d’un milliard de dollars, le gouvernement accorde via ce décret des concessions d’une durée de 35 ans accompagnées d’un certain nombre d’avantages fiscaux, d’aides à l’exportation et de garantie des prix aux compagnies étrangères. Selon OPSur, l’Observatoire des hydrocarbures du Sud en Argentine, « les mesures prises ont eu pour effet d’augmenter la puissance accumulée par les multinationales du secteur ». Outre l’augmentation du prix du pétrole sur le marché intérieur, le prix du gaz aurait triplé. OPSur regrette cette « obstination à vouloir soumettre la politique énergétique aux hydrocarbures en général, et au non conventionnel en particulier. »

Les contestations locales ont été sévèrement réprimées ces dernières semaines (voir notre précédent article). Alors que quinze gouvernements locaux ont interdit la fracturation hydraulique dans cinq provinces argentines, les populations mapuche se mobilisent aux côtés du syndicat des travailleurs de la réserve protégée de Neuquén, où des forages sont prévus. « Il est paradoxal que l’entreprise qui réalisera cette activité (Total Austral) soit originaire de France, pays où cette activité est interdite en raison des graves dommages qu’elle produit pour l’environnement et la santé humaine » souligne le syndicat.

Pour mettre en lumière cette politique jugée destructrice pour l’environnement, l’association écologiste Les Amis de la Terre France a nominé Total aux côtés de huit autres multinationales, dans le cadre des prix Pinocchio du développement durable. À la suite du vote des internautes, une cérémonie de remise des prix sera organisée le 19 novembre prochain, en partenariat avec Radio Mundo Real, Basta ! et l’Observatoire des multinationales.

OP

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Photo : Emiliano Ortiz cc by-nc

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